LAT, densification et exode chez les voisins

Limites du fédéralisme

Le 3 mars 2013, les Suisses se sont clairement prononcés contre le mitage du territoire et donc pour la densification des zones urbaines ou constructibles. 67 % de la population a exprimé son souhait de préserver les paysages, la campagne.    Ce choix doit être respecté.

Et pourtant les Valaisans s'y sont très largement opposés. Ils sont les seuls. Je ne voudrais pas être Valaisan aujourd'hui car j'aurais l'impression de me faire dicter la loi par des gens dont ce ne sont pas les affaires. C'est la raison principale pour laquelle je me suis opposé à la LAT. Une question de principe et surtout de proximité.

Moins l'Etat fédéral intervient, mieux les habitants d'une région se portent. Ce n'est pas à nous de juger ce qui est bon ou mauvais pour les Valaisans et encore moins à faire leur bien malgré eux.

 

Projection du développement démographique et urbain

Si les propos de Marc Sauty dans son coup de gueule du Genevois (TDG 25.02.13) sont avérés, nous serons 11 milliards d'habitants sur terre à la fin de ce siècle contre 1 milliard en 1800. Alors qu'un enfant meure de faim ou de soif chaque six secondes.

A la lumière de ces chiffres, nos préoccupations de préservation du territoire semblent bien dérisoires, voire mesquines.

Aujourd'hui, les nostalgiques de la campagne ou les résistants qui ont fait le choix de vivre en milieu rural sont de plus en plus rares. Les conditions de vie sont plus rudes. Le rendement des exploitations agricoles pas suffisant sans la perfusion de la Confédération. Ainsi nous observons un développement spectaculaire des milieux urbains. Les villages deviennent des villes et les villes des métropoles. A l'instar du Grand Genève qui se dessine vite et plus tard tout le bassin lémanique qui ne formera plus qu'une grande agglomération.

 

Immigration

Bien que l'immigration ne soit pas directement liée à la gestion du territoire, la gestion des flux de personnes suite à la signature des accords bilatéraux concernant la libre circulation des personnes est une donne non négligeable. Aujourd'hui, le Conseil fédéral se résigne à activer la clause de sauvegarde, à l'instar d'autres pays européens, pour faire face à une demande trop importante. Elle n'ira pourtant pas en diminuant.

 

France voisine et Vaud

Le Grand Genève, anciennement région Franco-Valdo-Genevoise, est déjà une réalité et non pas un projet. Tous les jours, près de 80'000 frontaliers passent la douane pour venir travailler à Genève. Les Vaudois sont aussi nombreux à faire les déplacements. Notre petit canton est à l'étroit et le logement est devenu rare et donc cher. Les Genevois participent donc à ces flux de mobilité puisqu'ils ont choisi de s'installer hors du canton.

Il est parfaitement faux de dire que Genève n'est pas concernée par la LAT, qu'elle est un bon élève en matière de gestion du territoire. Ce n'est possible que parce que nous avons reporté notre problème chez nos voisins.

 

Autonomie alimentaire

Un autre prétexte. L'agriculture de notre canton ne suffit depuis bien longtemps plus à nourrir les Genevois. D'ailleurs, les réserves légales de la Confédération ne permettraient pas de tenir plus de deux mois en cas de conflit.

 

Mobilité

Si ces projections démographiques se vérifient, il faudra se préparer à une explosion des besoins en mobilité. Le programme "Mobilités 2030" est presque déjà dépassé alors qu'il a déjà été amputé de son volet principal pour fonctionner, la traversée du lac. Autant dire que nous allons vivre des situations de crise dans ce domaine que nous devrons régler dans l'urgence et la douleur. Les Genevois tiendront certainement longuement rigueur à leurs élus de la dernière législature pour leur politique peu réaliste et leur manque d'anticipation.

 

Eco-quartiers

Il s'agirait donc d'envisager de limiter les déplacements inutiles et créer de sortes de petits villages autonomes dans l'agglomération. D'ailleurs, c'est le phénomène que nous observons dans toutes les mégapoles. Pour que l'environnement reste à la taille humaine, on recrée de plus petites entités à l'intérieur de la grande.

Au lieu de densifier à outrance des milieux urbains déjà saturés, il serait certainement plus judicieux d'envisager une planification urbaine plus étalée et conviviale. Faire entrer la campagne en ville en construisant des éco-quartiers qui rassemblent toutes les activités humaines qu'elles soient ludiques ou lucratives, commerciales ou sociales.

15 mai 2013