Je partage sur ce point les réflexions de Monsieur Pascal Décaillet. L'éducation, l'instruction, la culture sont des domaines primordiaux pour le développement harmonieux de nos sociétés. Peut-être même plus que les tâches régaliennes qui visent à assurer la sécurité, la protection des citoyens.
Mais là aussi il va falloir savoir faire la part des choses entre ce qui est souhaitable et ce qui est réaliste. A notre époque de globalisation, il n'est pas possible de proposer des bifurcations importantes dans les orientations de la formation au niveau local communal, cantonal ou national, si nos voisins ne sont pas prêts à en faire de même.
Tant que le modèle qui prévaut est la compétitivité avec les scores sanction des études PISA et autres évaluations, il serait suicidaire d'implémenter un modèle révolutionnaire. Les écoles privées ont pourtant tenté l'aventure avec plus ou moins de succès, mais l'école publique, qui a essayé de suivre le mouvement, s'est très vitre recroquevillée pour sauver les restes d'une rénovation mal maîtrisée.
Rénovation du scolaire et ARLE
Echec de la rénovation et réintroduction des notes
Ma fille Maya va sur ses 17 ans. Lorsqu'elle a commencé l'école, j'étais très enthousiaste. Elle aimait. Quelle contraste avec l'école telle que je l'ai subie !
Je découvrais de nouvelles approches, les conseils de classe m'ont totalement séduit. Ainsi on apprenait déjà tout petit à gérer les conflits dans la discussion.
La suppression des notes me semblait une bonne voie. Mais il fallait tout de même pouvoir évaluer les progrès. Nous comptions sur la prof pour nous tenir informés d'éventuels difficultés qui nous auraient échappé dans l'avancement de notre fille.
Mon enthousiasme n'a pas trop duré. Le corps enseignant était divisé entre les nostalgiques de l'école à papa et ceux qui voulaient rénover. Ils avaient tous raison, sauf les intégristes des deux camps.
En effet, s'il est certainement nécessaire d'encourager la coopération plus que la compétition, il faudrait que ce modèle soit choisi par tous et à tous les échelons. Or que remarquons-nous ? Sitôt arrivés au collège, c'est le retour brutal dans le monde cruel qui prévaut aujourd'hui, dans la vie de tous les jours, au boulot et ailleurs.
Enfin, à l'UNI, chacun est livré à lui-même. Il devra se débrouiller pour obtenir les crédits qui lui permettront d'optenir ses diplômes.
ARLE pour répondre à la préoccupation des parents
L'association refaire l'école a tiré la sonnette d'alarme et mis le doigt sur des aberrations. Surtout, elle s'est faite le relai de l'inquiétude des parents qui ne savaient plus trop où en étaient leurs enfants. En fait, les notes étaient surtout utiles pour les parents.
Ma fille souffre aujourd'hui de sérieuses lacunes en orthographe qui péjorent ses travaux pourtant de bonne tenue. Visiblement ses profs n'avaient pas complètement compris la philosophie que défendait la rénovation de l'école. Le laxisme dont certains ont fait preuve dans divers domaines cruciaux fut sanctionné par le retour des notes et l'abandon d'idées pourtant prometteuses. Heureusement que les conseils de classe se tiennent toujours pour ma fille Zoé de 11 ans.
Cadres et autres directeurs dans les écoles
Point de situation sur l'introduction des directeurs dans les écoles
Si je me base sur mes expériences personnelles avec mes filles, j'aurais tendence à penser que les directeurs ne sont pas nécessaires ou du moins qu'ils ne remplacent pas avantageusement les inspecteurs de l'époque. Et surtout ils coûtent très cher. Je m'interroge aussi sur leur spécialisation qui implique qu'ils ne pratiquent plus l'enseignement et sont donc en décalage avec les profs et les élèves. Ils deviennent des technocrates de l'enseignement.
A une époque où les ressources manquent, il serait certainement judicieux de revoir ce système cher et controversé par les profs eux-mêmes afin d'augmenter le staff d'enseignants et arriver à des ratios d'élèves par classe plus proche de l'idéal.
Quel avenir pour nos enfants ?
Un monde qui se baserait sur la coopération plus que sur la compétition
Voilà encore un rêve qui ne se réalisera pas avant longtemps. Mais il faudra bien s'y mettre un jour si nous voulons évoluer dans nos sociétés. Les écoles alternatives genre Montessori et Rudolf Steiner s'y sont mises il y a près d'un demi-siècle et les résultats sont là. Les élèves qui sortent de ces écoles ne sont de loin pas les allumés qu'on craignait. Au contraire, ils semblent globalement plus épanouis. Ils seront les pionniers, les défricheurs. Et même si le monde du travail est toujours aussi impitoyable, ils ont déjà intégré les notions de flexibilité et de confiance qui leur permettent de mieux gérer les crises.
Ecole obligatoire, UNI en ligne pour tous
L'instruction obligatoire suit une logique respectable qui vise à donner à tous des chances égales de réussir leurs vies. Un peu comme pour l'assurance maladie, on s'impose une certaine solidarité. Mais comme tout ce qui est obligatoire ou interdit, la tentation sera grande de frauder.
Si un peu de contrainte ne fait pas de mal, il serait dommage que l'élève soit dégoûté par l'ingurgitation de matières pour lesquelles il n'a aucune affinité ou des difficultés insurmontables.
Chaque être est unique et a sa place dans ce monde. Lorsque j'étais au CO, en dernière année, nous avons suivi des exposés sur les métiers de l'imprimerie et de l'électricité. Ces domaines recherchaient de la relève. Et bien près de la moitié de ma classe a opté pour un ou l'autre de ces métiers. Avec un sacré déchet à la longue puisque la raison du choix n'était pas motivée par une aspiration mais par la sécurité de l'emploi et des revenus.
L'Uni offre déjà depuis plus de trois ans les cours de théologie en ligne gratuits. D'autres matières suivront. Le prof est filmé. Seules quelques sessions d'examens annuels se font à l'Uni pour obtenir ses crédits. L'EPFL s'y est aussi mise. Nous assistons mine de rien à une profonde révolution de l'accès aux matières. Bientôt nous pourrons choisir notre prof en ligne.
12 mai 2013