Croissance, décroissance, croissance zéro

Les écoles s'affrontent. Le combat n'est plus tout à fait gauche-droite quoique...

Les écologistes sont enclins à prôner une croissance zéro afin de freiner un peu l'appétit des investisseurs et assurer le renouvellement des ressources. C'est bien entendu une utopie. Les ressources les plus précieuses sont celles qui mettent des milliers voire des millions d'années à se constituer tels les métaux précieux ou moins précieux comme le cuivre, le pétrole, l'uranium et j'en passe. D'ailleurs, la langue pend et les yeux s'arrondissent lorsque les scientifiques envisagent d'aller forer des météorites à la recherche de métaux rares.

Une société qui n'avance pas recule. Ceux qui encouragent la décroissance ou la croissance zéro m'apparaissent comme des rêveurs qui ne réalisent pas les conséquences d'un tel renversement de paradigme. Bien sûr, les idées sous-jacentes sont louables. Travailler moins pour une meilleure qualité de vie, exploitations responsables et respectueuses de l'environnement, politique sociale d'entreprise, accès à la connaissance, etc. sont des idéaux que personne ne remet en question. Ils ont pourtant un coût que seule l'économie et un sain rendement des entreprises permet.

Mais surtout, ces principes ne sauront porter les effets attendus que s'ils  ont été intégrés et validés par les individus eux-mêmes et non par des programmes politiques contraignants. La gauche devient un peu schizophrène puisqu'elle a fini par valider les lois du marché libre qui se basent sur la compétition considérée comme une saine émulation tout en tentant d'en limiter les effets collatéraux par toutes sortes de freins qui faussent les règles de la concurrence.

Tout ce qui nait à la vie croit, décroit et meurt. C'est la règle. Autant aller dans le sens du courant, voguer avec le flux et se laisser porter par nos inclinations naturelles et spontanées vers le progrès. Quel qu'il soit. Vers l'optimisme qu'engendre l'activité, la recherche et la découverte. L'Etat reste toujours arbitre des règles. Il ne devrait toutefois légiférer que lorsque c'est absolument nécessaire et seulement si les dispositions sont applicables et validées par le plus grand nombre des acteurs concernés.

 

France voisine et Vaud

On connait notre vieille rivalité entre Genvevois et Vaudois. Il me semble qu'elle s'estompe un peu. Au détriment de l'ambiance avec nos voisins français.

On dénombre près de 80'000 frontaliers à Genève dont 1/5 ème sont des Suisses qui sont allés s'installer de l'autre côté de la frontière. Il sont d'ailleurs en ce moment la cible des autorités communales françaises car ils ne déclarent pas leur résidence principale pour éviter l'impôt et la honte de devoir se balader avec une voiture à plaques françaises. Voilà qui en dit long sur l'état d'esprit qui nous anime.

Indépendamment des vieilles querelles qui remontent au moins jusqu'à l'Escalade, le nationalisme qui nous anime est alimenté par un taux de chômage élevé dans le canton. Il est donc facile de fustiger cette population. Les populistes ne s'en privent pas.

Et pourtant lorsqu'on analyse les chiffres, on comprend que la grande majorité des postes concernés ne trouve pas de candidats locaux que ce soient les postes de cadres dans l'administration ou les professions plus pénibles dans les domaines de la construction ou de la restauration.

Le dumping salarial joue certes un rôle et il doit être combattu, mais ce n'est de loin pas l'argument massue. Les accords bilatéraux obligent les administrations à procéder à des appels d'offre ouverts et la préférence nationale pourrait faire l'objet de recours devant les tribunaux. Pourtant elle devrait être encouragée même si ce ne devait pas être le critère déterminant. N'oublions pas que la Suisse reste souveraine, qu'elle a fait le choix de ne pas rejoindre la communauté européenne. La taille modeste de notre pays, tant en surface qu'en présence dans le concerts des nations, ne devrait pas être un argument de complexe et de servilité.

Le moins que l'on puisse attendre de notre patrie (et ici ce mot prend tout son sens) dans laquelle nous sommes nés et au développement de laquelle nous avons participé,  c'est un minimum de soutien et de reconnaissance. Il est facile d'imaginer le degré d'indignation d'un candidat genevois rejeté au profit d'un étranger pour de simples motifs de rendement ou de compétence, peut-être surévaluée. D'ailleurs, le scancale récent de l'octroi d'un mandat à une société parisienne pour réformer le système informatique de l'administration fiscale a démontré plusieurs choses intéressantes.

- L'offre la moins chère est souvent beaucoup trop chère puisqu'en fin de compte on n'obtient pas ce qu'on voulait et on est obligé de rallonger le budget pour terminer sans tout perdre;

- Les informations accessibles par cette société sont hautement sensibles dans le contexte actuel de guerre économique contre le système fiscal suisse et peuvent faire l'objet de fuites aussi tentantes que lucratives;

- Une société française n'est pas familière avec le droit fiscal suisse, il est difficile de comprendre le choix du prestataire dans ce contexte;

- Le suivi est dépendant de l'évolution des relations avec nos voisins;

- Sans parler de l'aberration de réformer un système informatique à l'Etat sans prévoir l'uniformisation et les passerelles sécurisées. Nous fonctionnons à Genève avec plus de 100 systèmes informatiques qui tentent vainement de cohabiter !!!???

Le chemin est long, mais nous sommes en route. Il s'agit de réformer les mentalités. Par de petits gestes simples, diminuer les brimades et les contraintes administratives, limer nos différences et tenter de nous considérer comme un peuple régional qui partageons de plus en plus les mêmes références et donc les mêmes valeurs culturelles. On pourrait commencer par accueillir l'équipe de foot de Thonon à la Praille en contestant les décisions de l'UEFA et participer au championnat de France de rugby avec une équipe genevoise qui nous permettrait de rentabiliser ce stade moribond tout en créant des liens avec nos voisins qui brillent dans ce sport.

Bien entendu, la traversée autoroutière du lac sera l'élément fort de notre rapprochement. On cessera enfin de fustiger ces frontaliers qui polluent et péjorent notre qualité de vie en ville parce qu'on leur aura enfin permis de circuler.

Il faudra toutefois être prudent dans le développement de la métropole lémanique. J'en parle dans mon article sur l'urbanisme.